Voyage par l’Autre

Cette semaine, alors que je me désaltère, je regarde curieusement mon voisin manier ses haltères. « Ça m’atterre ! » me dis-je, car ça me renvoie à mes altères enterrées (et re-enterrées) ; et ça, ça altère mon égo. 

Balancée de différents sentiments alternés, je me ressaisie : « stop à cette réflexion délétère. Laisse ces considérations derrière, remet les pieds à terre, et pense à ta chronique sur l’alter (enfin l’altérité, enfin l’autre quoi) ».  

L’anecdote n’est pas vaine, car mon voisin et moi sommes amis et différents, cet autre individu aussi se dit différent de moi, et quand il parle de lui-même, il dit bien « moi »

Mon voisin est tout simplement un « autre moi ». Par bonne conscience, je demande à mon ami wikipédia ce qu’il entend par altérité : il me dit que ça vient du latin alteritas, qui signifie différence, pensant l’opposer à l’alterego, il me contredit : l’antonyme, c’est IDENTITÉ. Il s’agit donc de reconnaître l’Autre dans sa différence, avec sa propre identité.

Partir à la rencontre de l’autre, c’est déjà voyager. Et voyager, c’est partir en quête d’un lieu, en quête de soi et en quête de l’autre . Notre voyage de noce a duré 1 an : 50 000 km sans avion en EurAsie, 200 lits différents et des centaines de rencontres. On recommande ! à la clé, une aventure passionnante, un apprentissage et une thérapie. 

C’est aussi un enrichissement intérieur, un retour à l’essentiel et la redécouverte de soi et des autres.  En voyage, on rencontre des gens au quotidien et au langage différents, avec qui on partage des sourires, des incompréhensions, des moments. Les enfants sans pudeur examinent notre physique atypique. On apprend d’eux. On ne les reverra sûrement jamais, mais ces humains sont là à ce moment présent, avec nous, et on ne voudrait pas qu’il en soit autrement.  

En voyage, on déguste des rencontres savoureuses. Nous pensons à notre plongeur chasseur de trésors, notre «Crocodile Dundee» en chair et en os, notre gemmologue gourou hindou, notre ex-chippendale élevant un ours au Laos, ou notre écrivaine ex-dominatrice de riches anglais.  

En voyage, on fait un bout de route avec des compagnons de voyage. De quelques heures à plusieurs jours, les chemins se croisent, se suivent ou se séparent, en toute simplicité et joie de s’être rencontrés. Certains sont toujours dans nos vies. 

Le voyage nous donne une « identité », une identité de voyageur ; et elle transcende nationalités ou religions. Dès les 1ères paroles, les frontières tombent et nous sommes copains. En voyage… de noce, en plus, on embarque à 2, pour le pire et pour le meilleur ! H24 ensemble, on nous dit que cela vaut 10 ans de mariage. Cool : nous sommes devenus un vieux couple en 1 an.  

Très différents, nous aimons néanmoins tous 2 découvrir et apprendre. À 2, on divise le poids des galères.

À 2, on double le plaisir des découvertes. Chaque jour, on découvre mieux l’autre, et on l’accepte tel qu’il est et tel qu’il change. On se sent plus forts, chacun, et ensemble.  

Bref, ce qui a amélioré ma vie, c’est mon regard et donc mon rapport à l’Autre. J’ai compris que c’est mon état d’esprit qui crée « ma réalité ».

Mais vous savez quoi ? Pas besoin de partir à l’autre bout de la terre pour vivre ça. En allant vers l’Autre, en reconnaissant le trésor qu’il est, avec curiosité et sans jugement, on crée déjà un brin de magie.  

Alors, voyageons : « VIVONS L’AUTRE AUTREMENT » 

« On est toujours le con de quelqu’un, et tant pis pour lui » disait le chroniqueur Jean Dion. J’ajoute : « on est toujours l’autre de quelqu’un ; tant mieux pour moi et tant mieux pour lui ».


Retrouvez ici l’audio de cette chronique !

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