Mémoire express
Ah Mémoire…
Génétique, tu nous pré-configure, corporelle, tu ancres les réflexes, les gestes, l’apprentissage musculaire, biologique, tu es notre trésor précieux, familiale, tu soudes – ou dessoudes – nos liens de sang, collective, tu transmets les savoirs, et assure le futur, mémoire des Peuples, tu construis les nations.
Non point ici question de vous offrir un mémoire sur la mémoire, encore moins des mémoires, de toute façon on ne s’en souviendrait probablement pas
Alors que je toisais mon lardon de quelques semaines, je me disais dans un moment de brutale lucidité : « il y a un boulot dingue pour en faire un homme ! ». A ses 2 ans, je me dis que c’est quand même bien dommage qu’il ne se souvienne même pas des moments exceptionnels passés ensemble… Et de notre dévouement parental, n’est ce pas les parents ? Et pourtant celui-ci n’est pas vain, puisqu’il ancre dans la mémoire de son si petit corps, de son esprit et de son âme ce qui lui permettra… d’ÊTRE. Tout simplement.
Cette innocence incarnée construit sa mémoire vive, et déjà il n’est pas une mémoire vide.
Il a en lui une mémoire GÉNÉTIQUE. Certains autistes ou personnes après un choc cérébral se découvrent génies de la musique ou capables de sculpter pour la 1ère fois un corps parfait, équipé de tous ses muscles et tendons sans jamais l’avoir appris.
C’est la même qui ancre depuis des siècles une peur innée chez les bébés, vis-à-vis des serpents et des araignées, dangers quotidiens de nos ancêtres. Ces bébés qui gardent des traces émotionnelles de leur confinement ventral. Certains psychologues voient même des traumas de nos aïeux imprégnés dans nos comportements. Notre corps et notre esprit se souviennent ; de la madeleine qui a fait les gouters d’enfance de Proust, le parfum des pins qui ont fait nos vacances, les rires des cousins ou des copains…
Ah Mémoire, ton « dark side », c’est l’oubli… question d’élagage d’information, d’inattention, de connerie quelquefois, malheureusement question aussi de maladie… ou question d’alcool trop festif parfois.
Dans « et moi et moi et moi », Jacques Dutronc philosophe « J’y pense puis j’oublie, c’est la vie c’est la vie » .L’avantage de la mauvaise mémoire, c’est qu’on peut revivre plusieurs fois des 1ères fois, mais l’inconvénient pèse davantage, car elle répète les erreurs et freine les progrès… c’est comme ça que l’histoire parfois se répète rageusement.
Ah Mémoire, tu t’es construite dans nos gênes, nos cerveaux, nos corps… Et tu as eu besoin de sortir de là, de partager, de t’étirer, de t’étendre… de TRANSMETTRE, tu as commencé à l’ORAL dans toutes les cultures anciennes et premières, puis tu as trouvé de nouveaux supports externalisés…
Avec le dessin puis l’écriture… comme dans les grottes de lascau, les jarres antiques, les fresques, les tables en pierre, les tapisseries, les manuscrits, les livres… connaîtrait-on Socrate si Platon n’avait pas écrit de lui ? L’écriture a généré une accélération spectaculaire de l’innovation culturelle.
Puis les supports se modernisent, avec des caméras, cassettes, disquettes, CD, clés USB, et maintenant nos téléphones, montres, ordinateurs et des serveurs à gogo, se substituant parfois à nos capacités du quotidien… retenez-vous toujours un chemin avant d’aller quelque part ? Calculez-vous de tête en partageant l’addition ?
Aujourd’hui, le cerveau nous a livré quelques-uns de ses secrets, alors notre mémoire se travaille sur le plan biologique, jusqu’aux championnats de mémorisation, qui travaillent sur les émotions, les jeux, l’expérience, les associations d’idées…
Et maintenant la technologie tente d’augmenter nos mémoires biologiques avec des implants.
Mais avant de devenir de veritables humains bioniques… souvenons-nous du passé car il nous faut se retrousser les manches pour construire ce fameux monde d’après… un monde d’après MEILLEUR.
Retrouvez ici l’extrait de cette chronique !
