Réciproques dépendances

Voici les fruits de quelques intéractions avec une ancienne version de moi.  

Avant de se marier et d’avoir un enfant, cette jeune femme indépendante ne voulait ni se marier ni avoir d’enfant.  Un mari ? vous voulez dire la dépendance mielleuse de 2 êtres s’bécotant sur des « je t’aime pathétiques », qui s’étiolent avec le temps ? argh. 

Un enfant ? C’est pire, une grossesse, qui finit en affreuse apothéose, un être en dépendance ultime vis-à-vis de moi, un esclavage de plusieurs années pour un engagement à perpétuité ? argh. 

Elle l’affirme : « je suis indépendante », une fois mis de côté les parents (sans qui on n’existerait pas), la famille, les amis, dont elle ne pourrait se passer, le travail, les collègues, puis finalement son amoureux et même son fils… 

Vachement indépendante ! 😉

Je lui réponds aujourdh’ui qu’on n’est même pas néque la dépendance commence,  qu’on le veuille ou non et c’est par un lien unique entre 2 êtres que ça commence.

Cet enfant à perpette, celui que nous avons été pour d’autres, et celui que nous pouvons accueillir adulte, nous apprend – malgré nous –  la RÉ-CI-PRO-CI-TÉ.  

Ce « charmant tube digestif » à qui on doit fournir la becquée, ce « vampire de temps » qui envahit notre quotidien et pompe nos ressources énergétiques, fait entrer nos cœurs dans une nouvelle dimension,  crée une énergie nouvelle et décuplée, et symbolise – en tous cas on l’espère – une – plutôtla – valeur fondamentale de la vie : l’AMOUR. 

Ses hurlements de joie pour des fraises, son exploration de la machine à laver, son émerveillement des papillons comme des cloportes, sa peur improbable des cochons, son offre de regonfler une balle de pingpong avec une pompe à vélo…  

Ça, ça vaporise chaque jour sur nous une fraicheur et une poésie dont on peut très facilement devenir accro… 

Puis l’enfant grandit, le lien en appelle d’autres, les fils se tissent, se croisent et s’entremêlent  pour former un tissu, de plus en plus large, multicolore, et solide.

Vouloir VIVRE sans interdépendance ?  

Non mais vous plaisantez ? manque total d’humilité, aveuglement, une folie, et même du suicide. Ça reviendrait à dire (sans exagération bien sûr) « je n’ai pas besoin d’air pour vivre » ,c ar ce serait nier qu’un être humain est un être humain, ce serait nier que notre vie, au sein d’une société, n’est possible qu’à travers les liens sociaux, ceux qui nous rattachent les uns aux autres, ceux qui nous donnent de l’énergie, ceux qui nous protègent ou nous reconstruisent face aux accidents de la vie. 

Tiens, très bon exemple dans le genre petit accident de parcours : en ce moment, le coronavirus. Vous serez d’accord : on en a marre, mais force est de reconnaître que ce virus se montre tout à fait exemplaire pour nous faire prendre conscience de l’interdépendance dans nos vies. Elle nous saute au visage (même masqué) ! Nous sommes tous dans le même bateau, face à une pandémie.  

L’interdépendance est omniprésente,  

  • Notre interdépendance AFFECTIVE bien sûr et SOCIALE, mise en valeur. 
  • Affreusement par les drames humains et la solitude, qui, plus que la cigarette tue.  
  • Mais aussi merveilleusement par le dévouement des soignants et une solidarité démultipliée.   
  • Notre interdépendance micro et macro-économique,  ainsi que géopolitique,  
  • Et enfin même notre interdépendance avec la NATURE, peut être seul ancrage vital pour notre humanité ? 

Nous avons besoin les uns des autres. Cette interdépendance est presque synonyme de vie humaine.  Alors que vous voyiez cela d’un bon ou d’un mauvais œil, repensez à ce que vous êtes au fond.  

J’entends encore la voix de Gérard Philippe me contant « le Petit Prince ».  

Dans sa dédicace, Antoine de Saint-Exupéry interpelle notre âme d’enfant : « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants ; mais peu d’entre elles s’en souviennent ».  

Alors, SOUVENONS-nous ! 

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